LES GROUPES DU LUXE
La pérennité financière est souvent liée à la capacité de chaque marque de pouvoir séduire une clientèle étrangère, ce qui propage son image par large spectre. Pour cela, il faut un élargissement du réseau de vente à un niveau mondial.
C’est pour cela que le monde du Luxe se trouve entre les mains expertes de grands groupes comme LVMH, KERING et RICHEMONT…
Est-ce que les projecteurs doivent être dirigés, uniquement, sur les marques de ces grands groupes ?
Je ne pense pas.
Même si, pour le moment, ce sont elles qui cristallisent tous les regards, il reste cependant, certaines étoiles uniques et très brillantes dans le firmament du secteur, comme CHANEL et HERMÈS. Uniques en tout point et indépendantes.
Mais alors, me direz-vous, pourquoi certaines Maisons décident de se rattacher aux groupes, de se laisser amarrer comme un bateau arrivé à bon port ?
Eh bien, cela permet de fédérer au sein d’une organisation, extrêmement, puissante des Maisons, qui trouvent là, le moyen de se développer tout en préservant leur identité. C’est paradoxal, mais certaines Maisons doivent se vendre pour pouvoir exister. La nécessité de pouvoir disposer d’une tranquillité économique est bien souvent le déclencheur d’une telle décision.
Le secteur du Luxe se gère, comme n’importe quel autre secteur, avec soin !
On analyse la rentabilité par métier, par boutique et par unité de fabrication. On surveille la pénétration des marchés et on distribue, équitablement, les risques encourus.
On tamise et on équilibre les balances. On ne colmate pas, on ne rustine pas, si l’on veut du solide, les bases doivent l’être également.
En ouvrant leur capital aux actionnaires, les Maisons ne font rien d’autre qu’appliquer la recette utilisée par Domenico De Sole auprès de la Maison GUCCI en 1994. Une réussite économique de grande envergure.
Il s’agit d’interpréter le patrimoine artistique de La Maison par la mise en place d’une gestion de la distribution en propre, d’un marketing agressif et raffiné, d’une fabrication dans des pays à bas salaires. Tout ceci a pour résultat d’augmenter le chiffre d’affaires.
Est-ce, uniquement, une histoire financière ? Oui et non.
Dans le Luxe, la concurrence n’existe pas véritablement, mais lorsqu’une marque est reprise dans un conglomérat avec des entreprises aux activités différentes, les actionnaires poursuivent un seul but : un gain substantiel.
Ils oublient, parfois, que c’est un secteur où des processus artisanaux sont une valeur ajoutée et surtout un justificatif pour un prix de vente élevé, car ce prix est basé sur une valeur imaginaire attachée à la marque.
Comment procèdent, alors, les grands groupes du secteur?
Leur première démarche est d’adapter les produits aux goûts et aux habitudes des consommateurs locaux. Pour cela des moyens conséquents sont mis en place afin d’atteindre leur objectif. La croissance dépend de différentes variables : pénétration du marché accrue, internationalisation, diversification des secteurs et innovation constante de la production.
Ces groupes ont également, de par leur force financière, le pouvoir de réduire le nombre de concurrents sur le marché par des fusions et des acquisitions ainsi que d’acquérir des circuits de distribution privilégiés pour leurs produits. Ce qui est très important. Tout ceci aide, bien évidement, à rester au devant de la scène.
Et les informations sur ces transactions se font entendre.
LVMH s’offre le roi du cachemire : LORO PIANA… Cela a fait les gros titres de différents journaux.
Acquisition nécessaire ? Bien sûr ! C’est toujours le cas, à ce niveau on ne marche pas sur la pointe des pieds. On a la démarche ferme et sûre !
Il s’agit d’une pépite dans le domaine des tissus, les meilleurs tissus au monde ! Qui ne voudrait pas posséder une telle merveille ?
Affaire familiale de six générations suivies, dont l’objectif a toujours été d’être au niveau le plus haut de la qualité. Toujours à la recherche de perfectionnement Sergio et Pier Luigi Loro Piana ont voyagé de par le monde pour accéder au meilleur. Leur dernière découverte est la fleur de Lotus. C’est un tissu léger qui ressemble à la soie sauvage et au lin. Un suprême dans les tissus.
Mais que cherchent ces Maisons prestigieuses et ancestrales lorsqu’elles se laissent « acheter » par les groupes ?
Elles veulent simplement disposer de fonds pour se développer tout en conservant leur contrôle familial ou, tout du moins, une partie de la gestion car elles sont au bout de plusieurs générations, sous contrôle de plusieurs héritiers du fondateur, ses enfants et ses petits-enfants. Beaucoup trop de monde au portillon.
Et du côté des groupes, quel est l’intérêt?
La « recherche » est différente, c’est par l’acquisition de Maisons avec un Luxe de « Niche » que les groupes en font un maximum en chiffre en y accolant le Luxe de « Ruche ».
Effectivement, ce qui fait vendre en masse est, quant à lui, très rare ! Mais c’est par un travail d’association subtile, par un effet d’assimilation que le commun des mortels se sent investi de cette rareté.
C’est un travail à faire en amont.
Un artisan va établir et transmettre son savoir-faire par le visuel, il ne transmet pas de manière scripturale. Il apprend, donc, en regardant et devient un passeur de savoir-faire. C’est un art purement visuel.
Pour apprendre et pour comprendre le Luxe, il faut être sensible au beau. Ceux qui réussissent dans ce secteur, sont séduits par une forme d’art. L’art est excessivement important dans le Luxe, il en est l’essence.
Ceux qui achètent le produit sont intéressés par une possession du beau, ils savent l’apprécier et le comprendre. C’est sur cette théorie que se basent les actionnaires pour acheter de nouvelles Maisons qui seront intégrées dans le portefeuille des différentes marques.
Et pour avoir une assise mercantile, les grands groupes du Luxe ont besoin d’avoir dans ce portefeuille certaines pépites avec des critères d’excellence extrême !
C’est ce qui va servir de « sauf-conduit » et donner toute la crédibilité pour vendre du Luxe de Ruche.
C’est ainsi que de simples bottes en caoutchouc, mais possédant une marque de prestige, pourront être vendues 10 fois plus cher que les mêmes bottes sans nom et seront même considérées, par la population, comme un produit de Luxe.
Cette démarche est identiquement appliquée par les différents groupes du secteur.
KERING, anciennement PINAULT-PRINTEMPS-REDOUTE, ce groupe de Luxe et lifestyle est le deuxième groupe de Luxe au monde après LVMH.
On sent une envie de bien faire les choses de promouvoir un travail bien ordonné et d’appliquer une gestion décongestionnante, de se rapprocher de l’humain par l’entremise de l’associatif.
Pourquoi cela ?
Parce que la tangente prise par ce groupe est palpable et cela se fait en finesse. Le groupe se centre sur les produits de Luxe et se défait des autres affaires.
Le logo du groupe en est une belle preuve, c’est une réussite, avec un storytelling puissant, des racines et une femme dont l’image s’y attache peu à peu et qui est très belle. Salma Hayek, femme de caractère et engagée pour la cause des femmes auprès de « Chime for Change ».
Ils se veulent également irréprochables sur le plan éthique. Ils ont créé une unité avec trois consultants externes : Holly Dublin, Michael Wells et John Elkington, experts dans le domaine du développement durable.
Voilà une intéressante stratégie mise en place et qui promet des émules…
Le développement durable doit être au centre des activités des groupes de Luxe et à tous les niveaux de leur gouvernance. Sans cette orientation, les groupes sont en péril !
La jeunesse d’aujourd’hui fait l’acheteur de demain et celui-ci est en demande d’activités contrôlées et ayant peu ou pas d’impact négatif sur les communautés locales et sur leur écosystème. La jeunesse est baignée dans une éducation de conscientisation vis-à-vis de l’impact écologique.
C’est pour cette raison qu’il faut tenir en compte et démontrer un grand intérêt vis-à-vis de la pérennité de tous les sous-traitants, tous les artisans.
En période de crise, c’est aux grands : LVMH, KERING, RICHEMONT, d’avoir le devoir de secourir les fournisseurs d’artisanats qui n’ont pas les reins assez solides pour traverser la crise et ces temps de marasme.
En effet, la crise fait disparaître les petits artisans fragiles, mais dont le savoir-faire est indispensable au Luxe et sans lesquels, le marché serait une catastrophe, car dénaturé de son essence même.
Pour les grands noms, la délocalisation est impossible, impensable, de par sa recherche d’intransigeance pour un produit de qualité. Le produit de Luxe doit obligatoirement être fabriqué dans son pays d’origine.
La distribution, quant à elle, n’est qu’exclusive en propre, mais la façon de vendre reste, elle, un choix personnel. C’est une condition « sine qua non » du succès.
Chez RICHEMONT comme chez ses concurrents, cette pratique est un franc succès. Mais particulièrement ici, car le groupe est surtout porté par des Maisons de joaillerie. Il peut ainsi attraper de nouveaux clients, avec le parfum chez MONTBLANC, ou bien le maquillage chez BURBERRY. C’est un produit qui convainc, de jour en jour, de nouveaux adeptes. Plus jeunes, moins riches, mais porteurs de lendemains, c’est une recette payante.
Quelles sont, alors, les nouvelles ambitions du Luxe?
Avec l’arrivée des groupes financiers et l’internationalisation de la demande, l’industrie est devenue un univers à part entière avec un langage, des normes et des règles qui lui sont propres.
La demande en personnel hautement qualifié a suivi tout naturellement. Ce qui pousse, de plus en plus, également à créer des formations bien spécifiques au monde du Luxe. Le Luxe surfe sur l’optimisme, afin d’attirer des talents créatifs nouveaux parmi les jeunes.
Il est particulièrement difficile de trouver des ouvriers spécialisés dans les différentes disciplines nécessaires à la fabrication de produits uniques. Les simples ouvriers ne sont pas dans ce cas. Ils ne peuvent pas effectuer le travail de précision exigé par le secteur. Le niveau de finition pour les produits de Luxe est nettement supérieur à celui d’un produit courant, on est rarement dans du mécanique, sauf pour le produit « satellite » du Luxe, repris dans le Luxe de Ruche où, seul, le logo et la valeur ajoutée du produit sont importants. Mais même pour ce type de produit, la longévité de leur vie doit dépasser celle d’un produit de masse.
La mode est dans ce cas-là, la principale source d’expression du secteur pour de tels produits plus accessibles.
Il est donc nécessaire de former des professionnels en regard de l’avenir du marché.
Les écoles, de plus en plus, voient le jour et ce au sein d’universités prestigieuses. Les modules offrent aux élèves la possibilité d’écouter en direct les réflexions conceptuelles et stratégiques d’analystes et d’experts.
C’est un plus pour l’amélioration de l’avenir du secteur, d’avoir un observatoire du Luxe. Il est nécessaire pour tous ses consommateurs de savoir qu’une gestion pointue est en perpétuelle élaboration. Cela valorise la créativité et l'innovation des marques. C’est un secteur économique qui est porteur et doit être défendu, au même titre que d’autres secteurs économiques. Il affiche d’ailleurs des résultats financiers insolents. Il faut en tenir compte et se battre pour le hisser au niveau le plus élevé.
La mode dans le Luxe est également un phénomène social qui se situe entre l’art et la finance.
Il est nécessaire de suivre des études spécifiques afin d’acquérir les compétences managériales nécessaires pour ce secteur.
Il s’agit également de ne pas passer à côté d’une opportunité comme véritable levier de développement économique pour les pays et c’est dans ce sens qu’il faut intégrer des écolages permettant de faire évoluer les individus intéressés par cette fonction.
La réponse à la crise est l’investissement massif dans l’éducation et la promotion de secteurs porteurs. Le Luxe en est un ! Chaque « Fashion Week » rapporte aux villes et aux commerçants. Les participants vont ensuite visiter la ville et cela produit un changement d’image qui se traduit par une augmentation de locaux professionnels et de permis de construire.
Ce qui contribue à une diversification et une professionnalisation du secteur. Professionnalisation des postes de gestion, communication, marketing, sponsoring…
Dans la sphère économique de la mode, la tendance est à ce que les cycles raccourcissent. Dans le domaine du Luxe, on est sur du long terme. Les retombées pour une ville se calculent entre cinq à dix ans.
À méditer…
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